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Iakovos GANOULIS

Professeur émérite de Génie civil à l’Université Aristote de Thessalonique et Directeur de l’Eau - Grèce

En quoi le RIOB est un réseau important à l’échelle européenne et mondiale ?

Le RIOB a fait ce qui est essentiel pour la gestion de l’eau: c’est d’associer les  connaissances diverses sur la ressource eau, en lien avec les Directives européennes et leurs applications légales.

Les membres du RIOB mettent en pratique et valorisent la gestion intégrée de la ressource, à une échelle stratégique, celle du bassin. On y conjugue de façon transversale, des considérations hydrologiques, hydrauliques, scientifiques et légales par exemple.   

De plus, le RIOB favorise l’organisation, la mise en réseau et la coopération de plusieurs acteurs dans un même pays et, à l’échelle internationale.

Il est primordial de toujours maintenir ce concept de base qu’est la gestion par bassin. Cela serait une grave erreur de faire comme dans la région d’Athènes, où plusieurs municipalités ont plusieurs frontières administratives.


Sans coordination, ces municipalités peuvent tenter de régler certains problèmes mais en créent, dans d’autres. Par exemple, lors d’inondations, l’évacuation d’eau dans certaines municipalités contribue à créer des inondations, dans d’autres en aval !  

Quels sont les enjeux principaux de la gestion de l’eau et les orientations des politiques publiques en Grèce ?

Le grand enjeu en général, et pas uniquement en Grèce, c’est la bonne gouvernance. Quand on dit gouvernance, ce n’est pas uniquement une question de gestion, c’est aussi l’interaction avec les usagers, les autorités locales, et tous les acteurs économiques.


Un mythe grec dit que pendant l’Antiquité,  alors que les Athéniens voulaient créer la ville d’Athènes, une question s’est posée sur la nécessité de choisir un emplacement: soit dans un lieu où il y avait une grande rivière pour avoir un accès direct à l’eau, soit en restant dans un territoire avec un relief particulier.
Le mythe dit que Poséidon, dieu de la mer et, Athéna déesse de la sagesse, avaient des avis divergents sur cette question. Contrairement à Poséidon qui plaidait pour la 1ère solution, Athéna estimait que si les Athéniens venaient à manquer d’eau, ce n’était pas grave car, avec la connaissance et la sagesse, ils pourraient trouver des solutions bien meilleures que s’ils en disposaient en  abondance.
Au Vème siècle avant JC, les Athéniens ont donc utilisé les eaux souterraines de la région de l’Attique d’une façon très développée en créant des tunnels souterrains d’adduction d’eau. Creusés dans les rochers, ils reliaient 2 puits. Ils sont encore utilisés aujourd’hui !


Avec ce système technique, ils sont parvenus à développer une bonne gestion de l’eau. Ils y ont ajouté des lois sur l’eau. Disposant de peu d’eau de surface, ils ont veillé à ne pas trop rapprocher les puits pour partager l’eau entre voisins. En cas de pénurie d’eau, ils construisaient un puits public auquel tout le monde avait accès.
Parfois, une sécheresse sévère peut être une occasion pour trouver des solutions.

Mais, attention, je ne dis surtout pas qu’il faut créer des conditions d’austérité pour avancer et trouver des solutions innovantes !


Actuellement, en Grèce, comme dans tous les pays, la gouvernance est donc un enjeu central, alors que chaque état doit composer avec des territoires très différents.

En Grèce, nous avons des plaines, de grandes montagnes et des îles. Dans les plaines, les eaux souterraines ont été presque épuisées par l’activité agricole qui en utilise plus qu’il n’en faut. L’eau n’est pas respectée. Elle est polluée. Le principe du chacun pour soi prime sur l’intérêt général.

En Grèce, quelle stratégie avez-vous mise en place pour parvenir à une meilleure gouvernance de l’eau ? 

Au niveau de l’Etat, nous sommes parvenus à un bon niveau de connaissance et de gouvernance stratégique de l’eau.

Mais, à l’échelle régionale et locale, l’élaboration de plans d’action ou de programmes de mesures est encore trop rare et complexe. Nos responsables politiques ont besoin d’améliorer leur participation et leur implication. La multitude d’usagers et d’intérêts en présence créée de nombreux conflits qu’ils doivent pouvoir contribuer à résoudre.

Par ailleurs, il faut un cadre juridique juste. C’est ce que nous tentons de mettre en place actuellement [juin 2019]. Cela prendra du temps, parce que c’est un problème politique. Il faut que les responsables sur le terrain se sentent  concernés. Nous devons amener la problématique jusqu’à l’échelle des petites collectivités car cela manque encore en Grèce.  


Comme, ils ne parviennent pas à s’organiser, les responsables politiques régionaux et locaux ont demandé à ce qu’une directive cadre soit élaborée au niveau de Ministère. Nous, nous pensons que ce n’est pas la meilleure façon de procéder, mais nous avons toutefois réalisé deux plans stratégiques, tout en leur expliquant que nous allions les aider à les adapter, à leur réalité locale.  

 
Il faut savoir qu’il n’y a pas d’Agences de bassin en Grèce. Chaque Préfecture a une Direction de l’eau.
Ces Directions estiment qu’elles n’ont pas la capacité de bâtir et mettre en œuvre un plan d’action, à partir des recommandations du Ministère.

Au niveau du Ministère, nous avons insisté sur le fait que ces directives générales doivent être adaptées et complétées, en fonction des problématiques locales.
Nous évaluerons les résultats obtenus, suite à cette nouvelle proposition d’organisation, à moyen et long terme.

A l’heure où un nouveau Parlement européen a tout juste été élu, comment le RIOB peut-il accompagner les Députés, pour une amélioration des pratiques et une optimisation de l’usage des ressources naturelles, en Europe ?

Le problème en Europe, c’est qu’on a une très bonne Directive-cadre sur l’eau, mais que chaque pays l’interprète à sa guise. Donc on ne peut pas vraiment donner un exemple de bonne gouvernance d’eau européenne.


L’application de cette Directive en Suède, en France ou en Italie est tout à fait différente.

Donc, le rôle du RIOB ne serait certes pas d’homogénéiser les pratiques, parce que ce n’est pas toujours le même modèle en fonction des territoires, mais il faudrait quand même beaucoup mieux se concerter entre pays européens pour trouver un exemple efficace de gouvernance adaptée, qui soit vraiment une référence.


En tant que réseau, le RIOB pourrait également jouer un rôle de catalyseur dans la collecte de données et la production d’études comparées, à l’échelle européenne.
Le RIOB devrait prioriser ses actions sur des thèmes brûlants tels que la pollution et la gestion des plastiques, au niveau européen.

Le RIOB pourrait identifier et valoriser des solutions innovantes, au sein de son réseau, pour mieux les partager à l’échelle européenne.

Pays
Source

Interview réalisée lors de la Conférence EURO-RIOB 2019 – Du 17 au 20 juin 2019 à Lahti (Finlande) - ©RIOB 2019